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Compte rendu de la séance du 12 mars 2003

Discussion autour de La Cité des poètes de N.Dollé et H.Tabib

Présents : Nanou Mahele, Judith Sarfati, Diane Huyez (rapporteur), Nathalys Fiokuna, Christophe Angebault, Séverine Rousset, Lambert Dousson, Damien Rémont, Hélène Merlin-Kajman, Gaël Tijou, Sarah Clément, Séverine Chauvel, Marc Le Monnier.

La Cité des poètes de N.Dollé et H.Tabib :
Hélène Merlin-Kajman rappelle que ce texte est mentionné par Jacques Donzelot dans Faire société. L’ouvrage a été apprécié, notamment en raison de sa lucidité et de son honnêteté : La Cité des poètes se refuse à présenter l’expérience comme une liste de recettes généralisables (Lambert Dousson).
Hélène Merlin-Kajman trouve réconfortant de savoir que ceux qui vivent près de la violence considèrent comme du mépris, comme une contestation de leur sens moral, les excuses apportées à cette violence. Le discours des intellectuels qui vise à comprendre la violence est dépassé (Hélène Merlin-Kajman, Marc Le Monnier).
L’expérience des poètes s’oppose à une conception unitaire de l’autorité (Hélène Merlin-Kajman, Lambert Dousson). Elle montre la possibilité de s’affranchir de l’institution sans pour autant s’opposer à elle. Cela diffère de la politique répressive de N.Sarkozy qui clos les espaces. L’individu qui n’est pas isolé se réapproprie l’espace public : ex. de M. Ika qui “ sermonne ” un enfant qui arrache des fleurs (Lambert), la police seule ne peut rien (Séverine Chauvel), une politique participative est importante car les réalisations ne viennent jamais de l’extérieur (Judith Sarfati). Il est difficile d’équilibrer le triangle élu - habitant- institution et de définir la place de chacun (Séverine Chauvel). L’expérience naît d’une volonté commune de vivre ensemble : l’invention d’une forme implique la formation des acteurs pour pouvoir afficher une cohérence du groupe (Nathalys Fiokuna). L’autoformation va de paire avec le sentiment de recréation d’une collectivité. De ce fait, on voit comment L’opposition “ eux et nous ” n’est pas pertinente, car nous sommes tous dans une situation, dans une société nouvelles (Hélène Merlin-Kajman). Il faut retenir l’idée d’une démocratie multiculturelle (Marc Le Monnier) qui revalorise la culture d’origine pour permettre d’aller vers l’ailleurs (Lambert Dousson, Nanou Mahele). De même, l’image du parent démissionnaire empêche de penser le monde commun (Séverine Chauvel). Un lien peut-il être établi entre le fonctionnement de cette cité et des rapports de “ bon voisinage ” ? (Damien Rémont). Mais le modèle du voisinage est plutôt devenu un modèle individualiste (Lambert Dousson), les voisins sont ceux qui ne se réunissent jamais pour discuter et les réunions de copropriété sont souvent des lieux où se manifestent l’égoïsme et la violence (Hélène Merlin-Kajman). 
Le texte essaye de mettre en place des figures d’autorité. Rappel d’une phrase de l’introduction de Denis Salas : “ Si l’habitant n’est pas un travailleur, il reste un adulte, un père ”. Hélène souligne le choix, problématique, d’une figure masculine comme figure d’autorité. Ne faudrait-il pas plutôt considérer l’autorité comme « duelle », c’est-à-dire jamais unitaire (monarchique) ? Nanou trouve intéressant  d’avoir pris dans la culture africaine la figure de la mère de famille. C’est le rôle des aînés de remettre les jeunes dans le droit chemin. Mais Une femme doit-elle être une figure maternelle pour asseoir son autorité ? (Diane Huyez). Une des qualités du livre est au contraire de sortir le rapport d’autorité du cadre parental (Judith sarfati). Il est nécessaire d’échapper au mythe du “ super travailleur social ”, figure sacrificielle décrite par Bourdieu dans La Misère du monde (Lambert Dousson). L’intérêt de chacun à s’investir doit être pris en compte (Lambert Dousson, Marc Le Monnier). Cette question fait resurgir celle des problèmes socio-économiques (Nanou Mahele). Hélène Merlin-Kajman rappelle l’apport de Marx et d’Althuser : l’adhésion se fonde sur la base d’intérêts objectifs qu’il faut définir. L’intérêt des dominés diffère de celui des dominants en ce qu’il rencontre celui de l’ensemble de l’humanité. Mais il faut être capable de s’éloigner de son propre intérêt pour vivre ensemble.
 Comment impliquer les jeunes dans la réflexion collective ? L’exemple de la salle de sport confiée à un leader positif témoigne du danger de vouloir acheter la paix qu’on retrouve dans le discours des pédagogues (Hélène Merlin-Kajman). La participation des élèves à la vie de l’établissement était le sujet proposé cette année aux candidats CPE. Le leader positif est pris dans un entre-deux trop lourd à assumer (Séverine Chauvel). La violence de certains jeunes est d’ailleurs liée à des troubles dépressifs, les symptômes observés sont les mêmes que chez certains anciens combattants qui ont été exposés à des angoisses très fortes (Judith Sarfati). Le livre évoque une école arc-boutée sur les savoirs et le fait que la lutte contre la violence est vouée à l’échec si  la réflexion est le seul fait des professionnels (Hélène Merlin-Kajman). Nanou trouve juste de rappeler qu’un élève est d’abord un enfant et l’école un lieu de vie. Quelle est la place de l’éducation quand ce qui importe en sortant de l’école c’est de trouver un travail ? Hélène Merlin-Kajman s’oppose à l’école comme lieu de vie en songeant à des réunions parents-professeurs où les préoccupations sont la cantine et le poids des cartables. L’école n’est pas un cadre socio-culturel élargi (Marc Le Monnier). L’école n’est pas une démocratie participative et l’enfant n’est pas encore un citoyen. La façon dont on associe les enfants à la réflexion des adultes est choquante (Damien Rémont). Exemple d’un lycée où un foyer est créé de sorte à ce que ce lieu se vide de toute présence adulte (Lambert Dousson). L’autogestion doit-elle être réservée aux adultes ?(Nathalys Fiokuna) Le problème de l’éducation civique est qu’on parle aux enfants de leurs droits et non de leurs devoirs (Marc Le Monnier, Damien Rémont, Séverine Rousset). La Révolution française a hésité à établir une déclaration des devoirs. Cela n’a pas été fait car on a considéré qu’elle était implicitement contenue dans celle des droits. On sait que le droit doit avoir une limite mais on n’a pas une définition des devoirs en France (Hélène Merlin-Kajman). Les règlements insistent sur les devoirs et cela peut être un point de départ pour créer des figures d’autorité (Nathalys Fiokuna).